
Rouben Melik poète amis.roubenmelik@gmail.com
1939-1945 Le temps des Oradours
L'occupation, la guerre, la résistance
Au lycée, de nombreux élèves de toutes sensibilités sont déjà engagés dans la vie politique.
En majorité communistes, ils affirment nettement leurs convictions contre le fascisme.
Contemporains de la guerre d'Espagne et du Front Populaire, ils se sont organisés sous
la responsabilité d'Olivier Souef, l'un des meilleurs amis de Rouben Melik.
Alors ce fut la ville prise
L'étonnement des hauts tambours
Le défilé comme une frise
En cols raidis et beaux atours
Où le sang a coulé

Jean Suret Canal, Olivier Souef
et sa fiancée, entre eux Pierre Daix
Rennes 1940
Exposition Paris 2007-
Mémorial Leclerc-
Musée Jean Moulin
Juin 1940 Avec l'invasion de la France, les épreuves du Baccalauréat sont reportées.
C'est l'exode
"J'étais tout jeune quand j'ai pris mon vélo pour fuir devant
les allemands ..traverser une forêt tout seul, entendre les avions
au dessus ...premières peurs, et la peur ensuite dans la résistance ...
Parce qu'on a eu peur! "
De retour, Rouben Melik s'inscrit à la Sorbonne en littérature et à l'Ecole des Langues
Orientales en arménien classique. Il suit les cours du philosophe Gaston Bachelard
et de Paul Valéry au Collège de France.
Dès juillet 1940, étudiants et lycéens manifestent leur rejet de l'occupation allemande
et de la collaboration; la répression est très violente. De nombreux événements marquent le jeune poète: l'arrestation de Guy Moquet, du professeur Paul Langevin, des jeunes manifestants du 11 novembre 1940, de ses amis parce
qu'ils sont juifs, de son professeur d'allemand Jacques Decour, d'Olivier Souef.
Nombreux sont ceux qui disparaissent dans"la Nuit et le Brouillard".
Où êtes-vous veillant la nuit les grandes orgues
Mes amis morts des temps de guerre,
Dans quelle tombe et quelle terre,
Chercher vos corps comme on voyage dans les morgues
Où le sang a coulé
"Contre l'occupant, l’avilissement, la mort,
la poésie n'est ni un refuge, ni une résignation,
ni sauvegarde, elle crie."
Pierre Seghers
Aux côtés de ses aînés poètes déjà connus tels que Louis Aragon,
Robert Desnos, René Char, Paul Eluard …Rouben Melik entre
en Résistance. Ses poèmes sont diffusés sous forme de tracts,
on vient les écouter aux séances de lecture de la Maison des Lettres,
de la Maison du Droit ; interdits par la censure, ils seront publiés
après la guerre dans Accords du monde en 1946.
1942 : Il adhère au parti communiste, rejoint les résistants arméniens
proches du groupe Manouchian. Louise Aslanian dite Lass
responsable FTP-MOI en région parisienne lui donne le nom de "Musset"
dans la clandestinité, et le charge de sensibiliser les jeunes arméniens
à la Résistance.
Partisans du malheur camarades tombés
Francs-tireurs du silence, un peuple vous attend
Pas à pas découverts, les mondes acharnés
Pour achever le ciel réclament tout leur sang .
Accords du monde
Rouben Melik réussit à échapper au STO.
Affecté aux services de la Préfecture de la Seine
il subtilise des fichiers et documents qui peuvent
tomber aux mains de l'occupant.
1944 Très actif au Comité de Libération du 18ème arrondissement,
il participe à la libération de Paris aux côtés des communistes et de ses amis arméniens résistants.
Ici est né et a vécu
de 1921 à 1974
le poète et résistant
ROUBEN MELIK
1921-2007



Un des panneaux de l'exposition
à gauche Rouben Melik , à droite
Louise Aslanian morte en déportation
21 Février 1944, les 23 résistants du groupe Manouchian
sont fusillés au Mont Valérien .Sur la photo Manouchian , 6ème en partant de la droite
Plaque commémorative apposée au 6,rue deTrétaigne Paris 18ème
en présence de Mr. Daniel Vaillant député maire du 18ème arr. ,
ancien ministre, de Monsieur Tchitetchian ambassadeur de la
République d'Arménie,de Mme Catherine Vieu Charrier adjointe
au Maire de Paris,de Monseigneur Zakarian archevêque de
l'Eglise apostolique arménienne
archives IMEC



ROUBEN MELIK
C’est la maison de pierre blanche,
Ne s’efface le bruit des pas
Comme un mur frôlé par les branches
Dans le jardin qui t’entoura
D’y avoir passé ne s’efface
Si facilement qu’on le croit
Et c’est de rester face à face
Que l’ombre prend forme de croix,
C’est de rester pour le silence
Qui se fait dense avec le soir
De voir comme un arbre s’élance
Vers son ombrage dans le noir.
Ne passe pas vite la peine
D’en avoir su la vive mort
De ce jardin où traîne
L’ombre d’un mur comme un décor
C’est à ce mur que je m’appuie
Encore un jour pour te garder
Comme au miroir mouillé de pluie
Où l’oubli ne saurait tarder
D’effacer l’ombre d’un visage
Je cherche encore à te revoir
Et cette mort n’est pas l’usage
Que l’on voulait de notre espoir.
OÙ LE SANG A COULÉ
FUSILLÉS
ROUBEN MELIK
A la Mémoire de Missak Manouchian
Midi minuit dans tous les champs tentaculaires
Sur tous les fronts collés aux murs des fusillades,
Midi minuit collés au cou des camarades
Sur tous les murs chaussés de sang d'homme d'affaires,
Douze matins d'hiver douze fleurs de printemps,
Pour crever les yeux sûrs pour torturer la vie,
Pour clouer la misère au marché de la vie,
Douze balles d'acier douze mots de printemps....
Dans la cellule à coins perdus midi minuit
Le soleil passe et frappe au ciel interminable
Le soleil tombe au fond du ciel interminable
Dans la baraque à coins perdus midi minuit.
Les flaques sous les pas, les lacs sous les paupières,
Les condamnés de droit commun les assassins
Sur les corps matraqués les voleurs de lumières
Les meurtriers de grands chemins, les spadassins.
Douze flèches de sang douze doigts de douleur
Pour clouer la misère au masque du silence,
Pour crever les yeux sûrs, pour hurler le silence
Douze miroirs sans tain douze corps sans douleur.
Sur les tombeaux pavés d'argent des bacchanales
Midi sonne minuit au flanc des barricades,
Sur tous les rails tordus au roc des mitraillades
Midi sonne minuit aux murs des capitales