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24 Avril 1915         Génocide des Arméniens 

Rouben Mélik extrait du Veilleur de pierre

Ailleurs qu'ici les morts se sont couchés de long

         Passant la nuit à leur silence 

Où je suis avec eux, veillant sur les jalons

          Fixés pour leur reconnaissance ,

Croix par croix, tout le long des chemins égarés

          Où je reste avec eux et veille

Sur l'offrande des corps limités par le grès

          Q'une lune morte ensoleille.

Vieille lune avec moi sur eux

Qui n'ont plus ni de mains ni de bouche

Que ni le vent ne vient, les touche

Ni le désir dans leurs yeux creux. 

C'est pour l'amoureuse façon 

Qu'ils ont d'être couchés que l'arbre 

Penche ses branches sur le marbre

Où tu laisses, lune, un frisson 

 

Que l'herbe à peine a consenti

Plus que l'ombre où elle est naissante

Dans la défaite bruissante 

Où d'un doigt l'ongle est désserti 

 

 Vieille lune! avec moi tu vas

Composer la plus longue attente 

Pour tous les corps que la nuit tente,

Que le jour n'éveillera pas

bordure décorative triangles bleus et noirs
bordure décorative triangles bleus et noirs
une femme porte son enfant dans le dos

Pour tous les corps que nous veillons,

Toi la bougeante et moi de pierre,

Adoucis l'herbe des litières

Où, dans les liens de leurs haillons,

Ils seront morts sans savoir où

Ni le goût de la vie aux lèvres

Avec dans leurs yeux cette fièvre

Portant en eux un rêve fou .

bordure décorative triangles bleus et noirs
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